Nos cousins québécois l’appellent l’analyse d’affaires, en France, nous parlons de business analyse. Répandu dans les pays anglo-saxons, méconnu ici, ce métier se structure peu à peu. Très lié aux projets informatiques, il ne s’y limite pas. Récent, tout le monde en parle sans avoir une claire idée de son rôle et de ses missions. Quel est donc cet étrange métier non identifié ? Découvrons-le.
Répondre à un besoin, définir une solution
Le business analyste intervient très tôt dans un projet, il intervient même avant le projet. Il entre en jeu à partir du moment où une société veut saisir une opportunité ou résoudre une problématique, c’est-à-dire, répondre à un besoin, pour reprendre la terminologie du BABOK – une des principales références méthodologiques. Cette problématique peut être opérationnelle : améliorer le taux de commande sur terminaux mobiles, déménager des services, réviser des contrats. Ou stratégique : repenser complètement un modèle d’affaires, réfléchir à la valeur ajoutée offerte au client final, prendre un virage numérique.
Pour une problématique donnée, le business analyste va envisager toutes les pistes de solution. Une solution, c’est refondre un site e-commerce en vue d’augmenter le chiffre d’affaires sur mobile, mettre à jour des contrats fournisseurs afin d’éliminer de coûteuses ambiguïtés, améliorer la qualité d’un processus. Cette exploration concerne tous les domaines de l’entreprise.
Par la suite, pour chaque composante de la solution, le business analyste va définir avec les parties prenantes les différentes approches envisageables. Par exemple, pour la mise à jour d’une application, on peut étudier ces approches : la faire évoluer en interne, en élaborer une nouvelle ou acheter un progiciel. Dans cette phase initiale de cadrage, le business analyste bâtit différents scénarios et les présente aux parties prenantes qui en retiennent un ou plusieurs qui seront approfondis.
Cette analyse se fera en tenant compte de la valeur apportée aux parties prenantes, c’est-à-dire les bénéficiaires de la solution : le client final, une direction métier ou informatique, un partenaire, etc. C’est une caractéristique de la business analyse : se concentrer sur la valeur apportée par la solution aux parties prenantes. Une des premières étapes, c’est justement de les identifier toutes, d’en oublier aucune et de mesurer la valeur que va leur apporter la solution.
La business analyse peut ainsi se comprendre comme l’ensemble des techniques qui visent à étudier une problématique ou une opportunité, et à définir, pour y répondre, la meilleure solution pour les parties prenantes.
Ce n’est pas de la gestion de projet
En France, on identifie mal ce métier, car ceux qui l’exercent le font souvent en plus de leur activité principale. En outre, et c’est particulier à notre pays, il existe l’assistant à maîtrise d’ouvrage, dont la profession est assez proche. Néanmoins, ce dernier se limite souvent à une dimension informatique, tandis que la business analyse donne une vision plus large de la solution.
La business analyse se confond aussi à tort avec la gestion de projet, car les solutions qu’elle définit vont se traduire en projets. Le rôle de la gestion de projet consiste à organiser au mieux les ressources pour fournir une solution qui a été spécifiée. Elle s’intéresse davantage à cette organisation, aux jalons à suivre, aux dates à respecter et aux produits à fournir. Elle ne se préoccupe pas à strictement parler d’apporter la bonne solution à la bonne problématique.
Un risque connu en gestion de projet : créer un produit qui ne correspond pas aux ambitions initiales. Une entreprise peut mobiliser toutes ses ressources et toute son énergie, puis fournir une solution dont la valeur est bien moindre que celle escomptée. Au final, elle n’aura pas atteint les bénéfices attendus et qui, au départ, justifiaient le projet.
La business analyse est là pour éviter ces écueils. Elle se pose constamment la question de savoir si au cours du projet, les équipes ne s’éloignent pas des objectifs de départ ou si elles ne rognent pas sur les ambitions. Elle s’assure qu’on ne perde pas le fil, que des décisions, aussi légitimes soient-elles, n’entament pas la valeur apportée aux parties prenantes. Elle est complémentaire de la gestion de projet.
Se mettre au service des parties prenantes
Quand il va étudier une problématique, le business analyste va partager l’ensemble des éléments avec les parties prenantes. Elles en auront ainsi une vision globale. Il est important qu’une partie prenante ne traite pas seule dans son coin une portion du besoin. Il est en effet préférable d’y répondre de manière intégrée. Et si l’une d’elles opère un changement, il faut se poser la question des conséquences de ce choix sur les autres.
Au cours d’un projet, les parties prenantes expriment parfois des attentes incompatibles ou des intérêts divergents. L’enjeu de la business analyse est alors de trouver un compromis satisfaisant. La difficulté est d’arriver à prendre de la hauteur par rapport aux attentes individuelles, celles d’une direction financière ou informatique par exemple, et de proposer une solution valable pour l’entreprise dans son ensemble.
C’est en effet en portant l’analyse au niveau de l’entreprise que la business analyse transcende toutes les parties prenantes. Les questions à se poser peuvent être : quelle valeur ajoutée la solution apporte-t-elle à l’entreprise, est-elle une priorité du moment ? La business analyse évite ainsi de traiter des besoins particuliers.
Le Business Analyste est le gardien de la valeur de la solution et de la pertinence du projet dans son ensemble.